vendredi 20 février 2009

Opération policière dans la cité Henri IV


ARRESTATION D’UN JEUNE SOUPCONNE D’AVOIR TUE JACQUES BINO

6h30 ce matin : la police investit la cité Henri IV où Jacques Bino a été tué mardi soir. Ils ont des indications précises, et montent à l’étage d’un HLM. Les armes sont prêtes, les policiers tendus, mais bien entraînés. Avant de s’écarter, l’artificier du groupe place un petit peu de plastique à hauteur de la serrure et du verrou. Deux détonations rapprochées les font voler.

La porte dans l'état où les policiers l'ont laissée (photo FG)

Six policiers, l’arme au poing, s’engouffrent les premiers dans le petit appartement. Ils se précipitent sans hésitation dans la chambre tout de suite à gauche et tombent à bras raccourcis sur Patrice, que les détonations et les cris des policiers viennent de réveiller en sursaut.

Photo de Patrice, 21 ans, étudiant en droit, accusé par la police d'avoir tué Jacques Bino (photo FG)

Quand la grand-mère de Patrice, affolée, sort de sa chambre pour savoir ce qui se passe, elle est plaquée sans ménagement par un des policiers cagoulés qui ont fait irruption chez elle, contre le mur du salon.

La grand-mère du jeune Patrice (photo FG)

Impuissante, elle les voit embarquer son petit-fils, mains menottées dans le dos et un côté du visage tuméfié. Ils passent avec lui sous l’image de la vierge au-dessus de la porte. Déjà les policiers retournent tout dans le petit appartement. Ils sont une trentaine et laissent tout sens dessus-dessous. Ils cherchent l’arme qui a servi pour tuer Jacques Bino, en vain.

Il faudra des heures à la vieille dame effondrée, et dont la porte ne ferme plus, pour remettre un semblant d’ordre. Hier, plusieurs interpellations ont eu lieu. Visiblement les policiers ont reçu l’ordre de faire vite.
La barre d'immeuble où vivent Patrice et sa grand-mère (photo FG)

Patrice a sans douté été mis en cause par un des jeunes interpellés et cela a suffit à déclencher cette opération qui a laissé une vieille dame traumatisée tandis que son petit-fils à l’heure où j’écris ces lignes, croupit toujours en garde-à-vue. La grand-mère a décidé de parler pour Chien Créole, elle assure que son petit-fils est resté mardi devant la télé à suivre les événements jusqu’à 23h30, avant de sortir sur le pallier de l’appartement pour aller discuter avec des amis.
Etudiant en droit sur le campus de Fouillole, le profil de Patrice colle mal avec la violence de l’acte qu’on lui reproche.
Portrait de Patrice bébé sur la télévision du salon (photo FG)

Même si Chien Créole a fait partie de ceux qui ont immédiatement exigé une enquête rapide pour faire toute la lumière sur la mort de notre camarade, nous demandons aux forces de l’ordre de garder leur sang-froid et prévenons par avance que nous n’accepterons pas que Patrice devienne le bouc émissaire dont la police a besoin pour boucler son enquête. Nous attendons du professionnalisme, des preuves surtout et réitérons que, comme la police est peut-être impliquée dans cette affaire, la présence au cours de l’enquête d’une organisation internationale des droits humains est seule à même de garantir l’impartialité recquise à la l'établissement de la vérité. Et puisqu'on parle de droits humains, Chien Créole déplore ici officiellement les méthodes de cowboys employées ce matin, même s'il comprend bien qu'il fallait frapper fort pour qu'un étudiant endormi et sa redoutable grand-mère ne provoquent un nouveau bain de sang parmi la trentaine de policiers cagoulés et surarmés participant à l'opération.

FRédéric Gircour